Jour 2
Après une nuit très très courte dans la tente au SuperLab, je me suis levée un peu fatiguée. En attendant que les autres se réveillent, je me chauffais avec une bonne tasse de café. Plus tard, lorsqu'on a repris le travail en haut dans la conciergerie, ensemble avec Anthony j'ai réfléchi à une structure du pavillon qui porterai les lamelles hygroscopiques. Avant de partir chercher du matériel, une courte discussion avec les 2 professeurs nous a mis sur la piste de ne pas encore réfléchir à la structure, mais de laisser d'abord mûrir une idée de phénomène physique. L'après-midi, on a donc fait une série d'expériences. On a commencé par un essai très simple mettant en oeuvre la capillarité: on a déposé des feuilles de différents matériaux pliées sur de l'eau et on a observé en combien de temps elles s'ouvrent. On a aussi tenté de mieux comprendre comment fonctionne le Hygroscope de Achim Mendes. Ceci nous a poussé à faire une petite maquette avec une éponge et un contrepoids. (plus de détails dans la description de groupe) Le soir, après le skatepark (où cette fois-ci je me suis contentée de jouer au badminton, j'avais encore assez de bleus de hier) et le dîner, on a présenté notre avancement au groupe.
Jour 3
On a profité de cette journée à mi-temps de notre séjour pour faire des recherches théoriques. Je me suis renseigné sur les pavillons, la biénnale (eh oui, jusque là je ne savais pas trop de quoi il s'agit...), la paramétrisation dans l'architecture,...J'ai appris que les architectes font beaucoup plus que juste des maquettes et des dessins tout au long de la journée (il me semble que j'ai brusqué pas mal d'architectes en leur disant ça). De façon générale, la complexité du métier d'architecte s'est révélé à moi durant toute la semaine. Avant, je ne savais pas trop ce qu'ils faisaient, mais ça a bien changé! J'espère que réciproquement les architectes comprennent également un peu mieux ce qu'on fait en physique ;)
On a cherché de l'inspiration dans la nature: les fougères qui s'ouvrent, ou encore des pétales de fleurs, des fractales chez le chou de Romanov et le flocon de neige. Ces différents exemples nous ont poussés à réfléchir sur d'autres manières plus élégantes d'ouvrir nos lamelles. Un système qui se déroule nous a semblé particulièrement simple et élégant. On a terminé le travail sur un petit prototype d'une "pétale" qui s'ouvre quand elle est sèche et qui se referme lorsqu'il pleut sur elle. (de nouveau, plus de détails dans la description de groupe).
Jour 4
J'ai commencé cette journée de travail avec une petite discussion avec Michele sur le choix des matériaux. Si on veut une lamelle qui se courbe, il faut avoir une augmentation du volume au sein du matériau, et pas seulement une augmentation de masse. On peut ainsi exclure le feutre. Le cuir en revanche marcherait bien, ainsi que le bois plaqué, et des cheveux (oui, je sais, un pavillon construit avec des cheveux c'est assez...inhabituel). J'ai donc commencé à réaliser des lamelles de bois plaqué d'environ 40cm x 10cm. Sur ces lamelles on colle des bandes d'aluminium transversalement aux fibres du bois. J'ai d'abord utilisé des bandes d'alu adhésives, mais pendant le test sous la pluie, ces bandes se sont vite détachées. J'ai donc refait l'expérience avec de l'alu normal collé sur le bois avec de la colle extra forte. Elle colle extra fort aussi sur les doigts...
Au contact avec l'eau, la lamelle commence en effet à se courber et à s'enrouler. Petite victoire! Le mécanisme fonctionne donc. Il faut juste inverser le processus: on voudrait que la lamelle soit enroulée quand elle est sèche (pour laisser passer les rayons de soleil) et qu'elle se déplie lorsqu'il pleut. Je discute donc avec Michele pour savoir comment faire. Il faut d'abord humidifier le bois puis le rouler à la main. Puis, une fois qu'il est sec, on doit coller les bandes d'aluminium. Ces bandes appliquent dès lors une contrainte sur la lamelle une fois que celle-ci se déroule, et la rammènent à son état initial (enroulé) quand elle sèche.
Jour 5
J'arrive tôt sur le site aujourd'hui pour bien avancer dans les expériences et les essais. Je fabrique la lamelle qui serait enroulée à l'état sec et étendue à l'état humide. Je fais un essai et ça marche super bien. J'étais contente de cette constatation, d'autant de plus que je n'y croyais pas vraiment. En effet, théorie et pratique sont deux choses très différentes, et avoir un succès au premier essai est assez rare. Une discussion avec monsieur Terwagne me met sur la piste d'utiliser un système qui ne va pas s'ouvrir et se fermer au contact avec la pluie, mais d'utiliser quelque chose qui va tout simplement absorber l'eau de pluie et gonfler. Les petites billes d'hydrogel contenues dans les pampers en sont un bon exemple. Après le repas de midi je pars donc à la recherche de pampers dans le quartier (c'est plus difficile à trouver que j'imaginais!). De retour à l'usine je passe à la dissection du pampers. Et là, miracle!, des petites billes commencent à tomber sur la table dès que je découpe le tissu. Ces graines ont la taille et l'allure des grains de sel, et sont enrobés d'une espèce de fibre blanche, très friable. Je prends une petite poignée de billes et je les mets dans un bac d'eau. Et hop, elles commencent à gonfler directement! Après quelques minutes, elles ont absorbé toute l'eau et forment une sorte de gel qui est marrant au toucher. Je rajoute de l'eau pour voir jusqu'où je peux aller avec ces billes. Je constate que le point de saturation est assez élevé. Je décide donc de quantifier ceci un peu, en pesant l'échantillon de billes sèches, et puis en pesant les billes gonflées: un échantillon de billes qui ne pèsent même pas 1gr pèse 80gr lorsque les billes se gorgent d'eau! C'est assez impressionnant. Bref, avec ça on ne fait pas grand chose si ce n'est pas réversible. Je teste donc si les billes réduisent leur volume quand l'eau s'évapore. Pour ne pas devoir attendre 3h, je les mets dans une casserole que je pose sur la taque de gaz. Après quelques minutes on remarque en effet une diminution du volume, même si elle n'est pas aussi dramatique que le changement de volume lorsque le billes se gorgent d'eau.
Jour 6
Dernier jour au SuperLab! Je suis debout tôt pour avancer encore un peu dans nos essais sur les billes avant de préparer la présentation. Les petites billes de pampers sont bien mignonnes mais pour en faire quelque chose de raisonnable avec le pavillon c'est un peu chaud. C'est peut-être mieux d'utiliser des billes d'hydrogel plus grandes, comme on en trouve souvent chez les fleuristes. On peut aussi faire ces billes nous-même, c'est un processus qui est connu sous le nom de sphérification. Comme on n'avait pas les ingrédients pour faire les billes nous-mêmes, on est passé chez Casa pour acheter des billes toute faites. Elles étaient déjà dans l'état gonflé, donc une fois de retour à l'usine, on a essayé de les sécher pour voir si elles réduisent leur volume. Ceci était une opération assez lente et pénible, car souvent les billes s'envolaient avec l'air du sèche-cheveux, et elles devenaient tout à fait friables et se cassaient...En parallèle, j'ai essayé différentes structures pour enfiler les perles. Après tout, il faut que ça tienne quelque part sur le pavillon. J'ai constaté que nos billes Casa étaient trop fragiles pour tenir sur une corde. Elles s'enfilaient facilement, mais en soulevant la corde, les billes se déchiraient sous leur propre poids. Je n'avais plus le temps de résoudre ce problème, vu qu'il était bientôt l'heure de présenter. J'ai donc commencé à préparer les 20 images pour le pecha kucha. J'étais assez nerveuse, même si on devait juste présenter notre état d'avancement entre nous, rien de bien grave. La présentation finalement c'est bien passée, et c'était vraiment intéressant de voir les présentations des autres, et de voir leur maquettes dans la grande salle. Même si on s'est beaucoup parlé en semaine, et que je savais en gros sur quoi tout le monde travaillait, c'était quand même chouette de voir plus en détail ce qu'ils ont fait, et de constater que eux aussi ont parfois du faire de nombreuses expériences et changer de chemin mille fois avant d'arriver à quelque chose de bien.